Instant de vie d’un dimanche, dimanche 5 avril 2020
Hier, je me suis laissée envahir par la peur. Ce matin, mes épaules sont contractées, ma mâchoire est serrée et mon cœur est lourd. Lourd à la pensée d’un proche qui lutte entre la vie et la mort sous oxygène dans un hôpital parisien…. Lourd à la pensée de mes amis parisiens qui vivent au quotidien avec les sirènes des secours qui ne cessent de passer dans la rue… Rattrapée par le chaos de cette période, moi qui étais dans une bulle de protection d’un petit village du sud de la France. Mon mental me joue des tours et échafaude des scénarios catastrophes. La sophrologue que je suis, sait que je ne dois pas me laisser envahir par ces pensées négatives, par cette peur : peur car je ne peux pas maîtriser cette situation, peur de la mort vraisemblablement car elle se rapproche des miens…
Un bourdon passe et retient mon attention, je le suis du regard, il butine une fleur de glycine. Je commence à admirer son travail, puis les fleurs de cette magnifique glycine sous laquelle je bois mon thé. Je prends conscience du bourdonnement des abeilles, du chant des oiseaux, de la luminosité du soleil qui perce à travers ce rideau de fleur, de la légère brise qui effleure ma peau…
Instant de vie…. La vie est là, tout autour de moi…
Je ferme les yeux et me laisse envahir par ce doux bourdonnement, ma respiration devient plus fluide et je me mets à l’observer. L’air frais rentre dans mon nez, rempli mes poumons, gonfle mon ventre et ressors tout doucement, plus chaud, plus doux. Ma respiration devient plus calme, je suis bien, bien présente à ce que je vis dans l’instant. Je profite de bien-être pour le diffuser dans mon corps pas à pas. Dans ma tête… ma mâchoire se desserre peu à peu au fil de ma respiration, l’odeur sucrée et délicate de la glycine remplie mon nez d’une douceur si agréable. Dans mes épaules… elles se détendent, je sens la chaleur de mes mains sur mes cuisses. Pas à pas, l’ensemble de mon corps se remplit de vie, de douceur.
Instant de vie…. La vie est là, en moi…
Je sens les pétales de glycine qui tombent sur moi, qui m’effleurent délicatement. La glycine fleurit pour offrir son spectacle délicat, son odeur suave ; pour permettre à tous ces insectes de se gorger de son pollen, mais rapidement, ces fleurs tombent pour laisser la place aux feuilles qui protègent du soleil. C’est sa vie, le cycle de la Vie… Elle est dans son moment de gloire, dans l’instant, dans le présent…
Instant de vie…. La vie est là, bien présente en moi…
J’ouvre à nouveau les yeux, mon regard se porte sur ces grappes de glycine et sur ces gros bourdons bleutés… un sourire se dessine sur mon visage… je suis bien, bien en vie, bien présente à ce que je vis. J’accepte d’être dans l’impuissante face à ce virus qui frappe tout autour de moi, mais je peux apporter du réconfort, de l’espoir, ma présence sereine et pleine de vie.
« Entends- tu la vie ? Le bourdonnement des abeilles, le coq chanter… la vie est belle, pleine d’embûches, mais bien là, à l’extérieur, on t’attend. Je t’embrasse bien fort.»
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